Ainsi donc, la Manche aura son représentant en 32^e de finale à l'issue d'une rencontre qui s'annonce palpitante. Les Cherbourgeois auront l'avantage du terrain, les Avranchinais l'envie de prouver une fois encore que la Coupe de France, c'est leur truc... Dès maintenant, les supporters peuvent affûter leurs arguments, préparer leurs banderoles et se donner rendez-vous pour un événement dont on reparlera abondamment dans le petit monde du football bas-normand.

Cela fait neuf ans que les deux formations ne se sont pas affrontées dans ce cadre. En novembre 2000, les Cherbourgeois alors en CFA avaient facilement battu les Sud-Manchots (6 - 1). Le genre de souvenir que déjà, du côté de Fenouillère, on balaie d'un revers de la main.

Les réactions d'après-tirage

Zivko Slijepcevic (entraîneur, Avranches) : « Très bien, on est enchantés par ce tirage. Nous connaissons bien l'AS Cherbourg et dans un derby comme ça, tout est possible. Bien sûr, j'espérais recevoir pour ce 8^e tour, mais il faut faire avec et considérer que ce match n'a rien à voir avec la rencontre de championnat d'octobre. »

Gilbert Guérin (président, Avranches) : « Contrairement à ce que beaucoup penseront, je considère que c'est un bon tirage. Du 50/50 en réalité... Et puis, qu'est-ce qu'on a à perdre dans ce type de rencontre ? »

Fabien Louédec (gardien, Avranches) : « On aurait sans doute pu tomber sur un tirage plus favorable. D'abord recevoir. Mais il nous reste à aller chercher la qualif'à Cherbourg. Dans l'attente, on a deux matches importants en championnat (NDLR : Viry/Châtillon et Levallois). Ensuite, sereinement, on pourra s'occuper de la coupe ! »

Jean-Marie Huriez (entraîneur, Cherbourg) : « Je suis d'abord content pour le public de l'AS Cherbourg. Je constate aussi que le football Manchot aura un représentant en 32^e de finale. Ce match enfin n'aura strictement rien à voir avec celui qui nous a opposés en championnat. La coupe a toujours un parfum particulier. »

Gérard Gohel (président, Cherbourg) : « Il y entre les deux clubs une rivalité sportive bien naturelle. Mais je préfère rencontrer l'USA plutôt que d'aller à Pacy-sur-Eure ou Plabennec. L'une des deux équipes atteindra son objectif d'aller en 32^e. Une belle affiche qui amènera beaucoup de monde à Postaire. Et puis, cela fera un troisième derby dans la saison. »

Yohan Gambillon (milieu défensif, Cherbourg) : « Cela tombe bien, Avranches est une équipe de notre championnat, une belle équipe qui fait preuve d'engagement et de solidarité et possède quelques bonnes individualités. On va donc se préparer comme pour un match ordinaire, qu'il faut gagner ! »

Football : L'euphorie pour Avranches, la lie pour Cherbourg

 

 

Ferreira (qui masque Besnier), Fériaud, Breillet, Vaillant, Trinité, Lahaye, Didot, Louedec : la « chorale » avranchinaise entoure son chef de choeur et capitaine, Pigeon (de dos), auteur du premier but. : Stéphane Geufroi

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Coupe de France (8e tour). Cherbourg (CFA) - Avranches (CFA) : 0-3. Décidément, la Coupe ne réussit pasaux Nord-Cotentinois. Ils lui en veulent d'ailleurs autant qu'à leurs adversaires, plus charitables et généreux...

Les Cherbourgeois ont beau pester après le sort, estimer mériter meilleur destin en Coupe, et jurer leurs grands Dieux que le meilleur n'a pas gagné, le constat est là. Ils sortent du jeu, sur un résultat sec comme un coup de trique, dont la seule contemplation confère à la correction. Pas très bons joueurs sur ce coup-là d'ailleurs, les protégés de Jean-Marie Huriez. Ils se sont créé treize occasions, comptablement répertoriées par leur entraîneur.

Avranches, trois ballons chauds au bout des pieds, les a tous mis au fond. Opportunisme, réalisme, efficacité, rendement, appelons cela comme on voudra : le vainqueur du jour chante à plein gosier et il a raison, le perdant refuse la vérité du tableau d'affichage et il a tort.

Fair-play pas partagé

Messieurs du Nord-Cotentin, même dans l'adversité, le fair-play grandit. Du haut en bas de la pyramide du club, d'ailleurs. Gérard Gohel, le président, concède juste, du bout des dents, souhaiter « bonne chance pour la suite » aux Avranchinais, mais après avoir bien souligné : « On a vu qu'il y avait une classe de différence au niveau foot », pour enchaîner sur le « 3-0 pas du tout mérité, mais c'est ce que l'on retiendra, donc c'est une claque ».

Son homologue Gilbert Guérin, tout à son plaisir d'avoir vu juste dans son augure (« j'étais persuadé qu'on passerait »), admet que « trois buts, c'est bien payé, et, dans mon coin de grande joie, j'ai un peu de peine pour Cherbourg. La charité chrétienne veut qu'on pense un peu à notre adversaire, qui a été valeureux... »

Grandeur d'âme certes plus aisée lorsque l'on se situe du bon côté de la barrière, mais tout de même. Avranches a joué sur ses qualités propres, c'est-à-dire sur des contres rares mais redoutables en diable et appuyés sur une valeur défensive éprouvée en championnat. Et s'ouvre le cinquième 32^e de l'ère Guérin (au mieux, Cherbourg est allé au 8^e tour ces neuf dernières saisons).

Les chants de joie émanant du vestiaire auquel les joueurs semblaient ne pas vouloir tourner le dos, illustraient bien à quel point cette équipe-là sait se contenter d'avoir chamboulé les pronostics. « On ne gagnera pas la Coupe de France, présume Baptiste Guyonnet, qui n'est jamais allé aussi loin dans l'aventure, heureux du vilain tour joué à ses anciens partenaires. Mais on espère maintenant aller loin, en prenant des petits le plus possible, car c'est une histoire unique, qui peut procurer des sensations rares. »

Olivier CLERC.



CHERBOURG - AVRANCHES : 0-3 (0-1).

Arbitre : M. Le Cornec.

1 292 spectateurs.

BUTS : Pigeon (42'), Besnier (73'), Didot (90'+4').

CHERBOURG : Lugier - Bleusez (Germann, 62'), Barré (cap), N'Diaye, Aubriot - Tanguy (Hérauville, 67'), Miranda, Binet, Revert - Mangara, Lecacheux. Entraîneur : J.-M. Huriez.

AVRANCHES : Louedec - Trinité, Bourillon (Rouxel, 50'), Lahaye, Vaillant - Fériaud (Breillet, 88'), Restout, Guyonnet - Didot - Pigeon (cap) (Ferreira, 67'), Besnier. Entraîneur : Z. Slijepcevic.

Ouest-France