Première Guerre mondiale : Ce joueur de foot normand comparé à Antoine Griezmann

Quelle aurait pu être la notoriété de Kylian Mbappé ou Antoine Griezmann en 1900 ? Personne ne peut le dire. La popularité d’un sportif se joue à peu de chose. Un grand footballeur manchois a presque disparu de la mémoire collective. René Fenouillère a laissé son nom au stade d’Avranches (Manche), mais ne rentre toutefois pas dans l’histoire des grands sportifs. 

Il s’inscrit à 15 ans à Avranches

Ce footballeur est né sur la Côte des Isles à Porbail (Manche) le 22 octobre 1882. « Il s’inscrit à 15 ans au club d’Avranches », explique Michel Merckel. Cet ancien professeur d’EPS (éducation physique et sportive) a écrit le livre : 14-18, le sport sort des tranchées, un héritage inattendu de la Grande Guerre. Son ouvrage retrace l’histoire de 425 champions morts, durant la Première Guerre mondiale. « J’adore l’histoire et le devoir de mémoire m’intéresse. »

Le premier Français à jouer à Barcelone

Dans sa liste des géants, le footballeur normand garde une place de taille. L’historien compare René Fenouillère à « Antoine Griezmann », champion du monde avec l’équipe de France en 2018. 

« C’est pour moi le premier joueur à dimension internationale. » C’est le premier français à jouer en Espagne au football-club de Barcelone et « a même été capitaine de 1902 à 1903. Présenté au futur roi Alphonse XIII, il a fait la couverture de divers magazines de la péninsule. » L’as du ballon a même été sélectionné dans l’équipe de France, pour les Jeux Olympiques en 1908. L’allier gauche a aussi été champion de France avec le Red Star.

« Le joueur le plus complet »

« C’est un grand. René Fenouillère a marqué le football. J’ai retrouvé un courrier de l’un ses amis. Aphonse Leblond le décrit ainsi :

« il montra tout jeune des dispositions sportives très particulières. Sans être puissant, il était très athlétique et d’une souplesse incomparable, servi par un courage sans défaillance et une endurance sans limite. Il fut parmi nous le joueur de football le plus complet, capable d’occuper n’importe quelle place », relate Michel Merckel…

Il meurt au combat

La guerre a éclaté en 1914. René Fenouillère s’engage dans le 2e régiment d’infanterie de Granville. Le sous-lieutenant disputera son dernier match en 1915 et meurt au front le 4 novembre 1916 au nord de Reims dans le secteur de Bétheny. Il repose au cimetière de Sillery dans la Marne. René Fenouillère n’a pas gagné des sommes astronomiques. Le sport au début du XXe siècle ne détient pas cette ferveur d’aujourd’hui. « Le football est pratiqué par une classe aisée et le rugby a une image populaire », précise Michel Merckel. Ce Normand a toutefois laissé une trace et la légende Fenouillère intrigue toujours autant cent ans après…