TEMOIGNAGE. Foot. National. Pierre Magnon (Avranches) : « J’ai entendu un craquement »

​L’US Avranches (Manche, National) a sans doute perdu, pour longtemps, son milieu de terrain indéboulonnable Pierre Magnon (26 ans, 1m79). Sorti avant l’heure de jeu lors du match contre le Red Star (1-1), vendredi 16 septembre 2022, le joueur originaire de Saint-Malo souffre d’une rupture des ligaments croisés. Quelques heures après l’annonce de sa blessure, qui va l’éloigner des terrains au moins six mois, il se confie.

« J’ai compris d’emblée que je ne pourrai pas continuer »

« On partait en contre-attaque. J’ai senti un joueur adverse venir dans mon dos. Je place ma jambe pour l’empêcher de passer, mais il vient de l’autre côté et me tape dans le dos. J’ai mis tout mon poids sur ma jambe d’appui et j’ai entendu un craquement dans mon genou gauche. J’ai compris d’emblée que je ne pourrai pas continuer le match.

Moralement, ce fut dur pendant le week-end. J’ai cogité, j’espérais au fond de moi que ce ne soit pas trop grave. C’est la première grosse blessure de ma carrière. Inconsciemment, le fait d’attendre tout le week-end m’a poussé à espérer une bonne nouvelle, mais en entendant le craquement, il y avait énormément de chance que ce soit les croisés. Et l’IRM passé lundi 19 septembre 2022, dans la matinée, a montré que c’était bien les croisés. Ce fut un coup de massue.

« Un rendez-vous à Lyon lundi 26 septembre 2022 »

C’est dur à avaler. J’essaie de me concentrer et de me préparer aux prochaines étapes pour revenir plus fort. De me préparer mentalement pour les efforts à fournir au cours des 6 prochains mois. Revenir en fin de saison serait l’idéal, mais on ne sait jamais comment va réagir le genou. Là, la priorité est de faire dégonfler le genou pour me faire rapidement opérer. J’ai des soins pour drainer l’œdème, et pas beaucoup de temps de répit entre les soins, le besoin de glacer, les bottes pour compresser et faire circuler le sang. Le planning est plutôt chargé, alors que je pensais ne rien pouvoir faire pendant un mois.

Je prends l’avion lundi 26 septembre 2022 pour un rendez-vous à Lyon, en vue de me faire opérer rapidement. Une fois la chirurgie passée, la première étape sera de renforcer la jambe blessée afin de récupérer sa mobilité. Il y a de fortes chances que je suive une partie de ma réathlétisation à Clairefontaine.

« Je garde le moral car les coéquipiers me soutiennent »

Je suis au centre d’entraînement tous les matins, et je prends du matériel pour me soigner chez moi, l’après-midi. Revoir l’équipe, aller au centre d’entraînement pour y réaliser mes soins, me fait du bien. Je garde le moral car les coéquipiers me soutiennent et montrent qu’ils sont derrière moi. Se savoir soutenu est une sensation agréable. J’ai reçu beaucoup de messages de soutien de collègues footballeurs qui se sont faits, eux aussi, les croisés, et ça fait du bien de voir qu’ils s’en sont sortis et prennent le temps de m’accompagner dans cette période. Ce serait génial de revenir et de jouer, pourquoi pas, la montée avec les copains, car on prend vraiment du plaisir ensemble. »

Damien Ott, entraîneur de l’US Avranches : « Contrariant pour Pierre, pénalisant pour le groupe »

« C’est une très mauvaise nouvelle. Je suis attristé pour le joueur et pour l’homme, car Pierrot est un super gars. C’est contrariant pour lui, et pénalisant pour le groupe. Il faut accepter cette part de destin et savoir rebondir. À lui de penser à sa rééducation ; à nous de nous réorganiser avec d’autres joueurs. À très court terme, nous avions anticipé d’éventuelles déconvenues, comme des blessures ou des suspensions, avec l’arrivée de Théo Le Normand. Cette option devient une vision à très court terme et Théo va donc remplacer numériquement Pierre dans le groupe. Quant à l’avenir et à l’éventualité d’un renfort, il faut d’abord prendre le temps d’évaluer la situation, voir comment l’équipe se comporte, et ne surtout pas se précipiter. »