Le GF38 a enregistré sa quatrième défaite de la saison sur la pelouse de l’US Avranches MSM ce vendredi 16 mars, pour le compte de la 26ème journée du National. Un revers inquiétant à plus d’un titre, même si tout n’a pas non plus été à jeter. Retrouvez ci-après notre analyse en trois temps de la rencontre avec The Good, The Bad, The Queen spécial Avranches – GF38.
The Good
Un physique rassurant
Les motifs d’inquiétude sont nombreux. La condition physique des Grenoblois n’en fait pas partie. Après une entame de match compliquée, les Grenoblois ont progressivement pris l’ascendant sur l’US Avranches dans ce domaine. La densité du groupe grenoblois reste une force, on en reste persuadé. D’autant plus dans un championnat où chaque journée est un combat, tant les positions sont serrées. Guégan lui peut toujours compter sur des joueurs relativement « frais » après 7 mois de compétition, c’est un vrai plus alors que s’amorce le sprint final. Reste à l’utiliser à bon escient ce qui n’a pas du tout été le cas ce vendredi soir.
Un pressing offensif efficace défensivement
Peut-on employer le terme d’efficace alors que le GF38 a perdu ? On s’y risque. Pourquoi ? Parce que Grenoble a étouffé son adversaire une bonne partie de la seconde période. Cela n’a pas été suffisant mais on serait de mauvaise foi de ne pas reconnaître que Grenoble a considérablement gêné les relances normandes, surtout au retour des vestiaires avec son pressing offensif. Et c’est en lien avec la condition physique évoquée ci-dessus : les Grenoblois ont le jus pour aller presser à 70m des buts de Maubleu et ainsi récupérer bon nombre de ballons en compliquant la relance adverse. Le risque ? On l’a malheureusement vu sur le but : un attaquant qui a profité des espaces entre les lignes et de la profondeur qui lui a été pour prendre de vitesse ses deux centraux pas exempts de tout reproche sur ce coup là. Pour déjà tempérer ce point là : un pressing est aussi intéressant via l’utilisation faite du ballon une fois celui-ci récupéré. Et c’est là le hic.
The Bad
Manque de verticalité et de percussion axiale
Caricaturons le jeu grenoblois : récupération du ballon, décalage côté droit dans l’espoir de voir Abou Demba et/ou Sotoca faire la différence. Ca a failli marcher sur l’action du pénalty non sifflé suite à un slalom d’Abou Demba dans la défense adverse. On est sévère, El Jadeyaoui, s’il a manqué de réussite et de justesse parfois, a tout de même été sollicité côté gauche où il a réalisé des choses intéressantes en première période.
En revanche Grenoble utilise très peu la profondeur et le jeu axial vers l’avant, malgré la titularisation d’Edwin Maanane (qui a un profil beaucoup plus adapté que Belvito pour ce style). Même lors des récupérations du ballon, alors qu’on pourrait, au moins de temps en temps, essayer de « gicler », d’apporter un peu de percussion ou de lancer l’attaquant dans l’espace, on préfère temporiser, jouer latéralement pour déborder le bloc défensif adverse repositionné. Le soucis c’est quand Sotoca est un peu moins bien, et bien c’est tout de suite beaucoup moins efficace. Grenoble est très bon pour récupérer le ballon, mais a du mal dans son utilisation.
Recherche frappeur désespérément
On n’a pas compté, mais la différence entre les deux équipes nous a semblé frappante, c’est le cas de le dire : combien de tentatives hors surface pour Avranches, combien pour le GF38 ? Pas besoin de développer plus ce point là, au-delà du regret de se priver d’une option qui permettrait justement de fissurer un bloc défensif autrement qu’en le contournant.
Recherche un « Gherardi » désespérément
Un milieu capable d’apporter de la percussion, d’éliminer, de prendre sa chance de loin, d’être intéressant techniquement dans des petits périmètres à proximité de la surface adverse, on en avait un l’an passé : Raphaël Gherardi. Mais il tarde à revenir à son meilleur niveau et sa parfois « nonchalance » ne l’aide peut être pas non plus à rentrer dans les bonnes grâces de son entraîneur. C’est pourtant un profil (lui ou un autre, on vous reparlera bientôt de Bassiri Keita) qui ferait énormément de bien, qui permettrait de proposer une animation offensive moins stéréotypée. Après les places sont chères au milieu et difficile de reprocher quoique que ce soit aux titulaires en place (Coulibaly, Pinto Borges et Benet qui semblent désormais avoir un temps d’avance sur leurs concurrents) mais il va bien falloir trouver une solution pour remédier à la sécheresse offensive constatée depuis plusieurs semaines.
Où est passée la (ben)grinta ?
Souvent menés au score cette saison les Grenoblois nous avaient habitué à des réactions autrement plus efficaces que ce qu’on a vu ce vendredi soir. Après avoir concédé l’ouverture du score, les coéquipiers d’Ibou Coulibaly ne sont pas parvenus à apporter ce petit supplément d’âme. Attention à ne pas tomber dans une certaine forme de fatalisme ou d’usure. La force de ce groupe, c’est avant tout la force de caractère. Celle qui a permis de retourner un grand nombre de situations depuis un peu plus d’un an et demi. Le National, c’est avant tout un combat. Cette notion là, cette rage, cette volonté de refuser la défaite, on ne l’a pas vu dans le jeu isérois contre Avranches. Et c’est de très loin le point que l’on a le moins aimé…
The Queen :
Chef d’orchestre ou musiciens : à qui la faute ?
La partition offensive du GF38 souffre de nombreuses fausses notes. Tout le monde est à peu près d’accord sur ça. Les avis diverges en revanche sur la (les) responsabilité(s). On va vous décevoir, on n’a pas de réponse miracle, juste un avis, et surtout on est comme la plupart des gens : on s’interroge.
En restant toutefois fidèle à notre premier principe : ni demi-dieux, ni sous-merdes. On n’idolâtre personne et par conséquent on ne brûle pas nos idoles derrière.
Grenoble est premier, Grenoble est l’équipe qui a le moins perdu, Grenoble a une des plus mauvaises attaques du championnat, Grenoble peine depuis plusieurs semaines. Des faits, avérés, mais à traiter avec pondération.
Olivier Guégan n’est pas le pire entraîneur sur terre, Nicolas Belvito n’a pas un niveau de D4 kosovar, pas plus qu’Olivier Guégan n’était le meilleur entraîneur de l’univers il y a 8 mois et Edwin Maanane le nouveau Thierry Henry.
Pour revenir sur le match, tout le monde sera d’accord pour dire qu’Avranches dispose d’un sacré attaquant avec Thiaré. Tout comme Boulogne, Pau, Rodez (on ne vous fait pas la liste, il n’y a finalement que Laval qui n’a pas eu de chance au tirage avec Bosetti
Un Thiaré bon techniquement, rapide, qui sait faire des appels intelligents dans les espaces, jouer entre les lignes… Bref un super attaquant. On vous voit venir… Mais la question n’est pas : pourquoi le GF38 n’a pas recruté Thiaré (ou Boupendza etc.) ? La question est : Thiaré en serait-il à 12 buts en jouant au GF38 ?
On en doute. Pas dans un système où ses qualités ne seraient pas mises en valeur en tout cas.
Grenoble dispose, il nous semble en tout cas, de joueurs qui ont les qualités pour jouer les premiers rôles en National aujourd’hui (la preuve, le GF38 est toujours premier, si si). On ne doute pas de la capacité du coach à mener ce groupe vers la Ligue 2. Mais ça, c’est désormais à lui de le démontrer. Olivier Guégan aime bien répéter qu’une grande équipe ne perd jamais deux fois. On a une jolie petite phrase aussi de notre côté : c’est dans la difficulté qu’on reconnaît un grand entraîneur. Olivier, à toi de jouer…
18_03_16_Presse_OF 18_03_17_Presse_OF 18_03_18_Presse_OF